RIOT GRRRLS - CHRONIQUE D’UNE REVOLUTION PUNK FEMINISTE
Manon Labry
[Punk - Riot Grrrls - Diy]
Au début des années 1990, de jeunes féministes nord-américaines lançaient du fond de leurs tripes un cri de colère et de ralliement dans le milieu punk underground : « Revolution, Grrrl Style, Now ! » La culture riot grrrl était en train de naître. Des groupes comme Bikini Kill ou Bratmobile partaient à l’assaut de la production musicale, décidés à rendre «le punk plus féministe et le féminisme plus punk». Leur offensive fut une secousse incroyablement positive pour toute une génération assommée par la culture mainstream. Car les riot grrrls ont été bien davantage qu’un simple courant musical : appliquant les principes du Do-It-Yourself, elles ont construit une véritable culture alternative, dont la force de frappe tient en une «proposition» que suivront des milliers de jeunes femmes: celle d’oser devenir qui elles sont et de résister corps et âme à la mort psychique dans une société capitaliste et patriarcale.
Manon Labry retrace l’histoire de cette révolution politique et culturelle. Elle déploie une écriture punk bien frappée qui entremêle paroles de chansons, témoignages, réflexions personnelles, extraits de fanzines et illustrations pour faire la chronique d’une génération.
«L’histoire des riot grrrls commence avec, et grâce à, ce moment de formidable renouveau de créativité en matière de production culturelle, mais aussi d’activisme politique. Car si le DIY, tel qu’il était associé aux sphères punk à l’origine, relevait plus qu’autre chose de l’élan spontané sous la contrainte, à partir des années 1980 et sous l’effet des contextes qui se transforment, il se double d’une prise de position politique plus nette. Le DIY ne participait plus seulement de la poussée d’audace qui avait amené une cohorte de quidams à s’emparer de leurs guitares, en partie pour échapper à un ennui tératologique, il était en train de devenir l’outil pratique d’une théorie de l’action anticapitaliste. La multiplication, à ce moment-là, des petits labels indépendants, de même que celle des fanzines, traduisait clairement la volonté des acteurs de ces scènes de se tenir à l’écart des moyens de diffusion et de communication mainstream, mus par le profit au détriment de l’inventivité, qui servaient à la louche des tubes policés et apolitiques. Des labels comme Dischord, K Records, SST, Epitaph ou Sub Pop (même si certaines de ces maisons sont aujourd’hui devenues de grosses machines) font à l’époque le pari du qualitatif, de l’audacieux, de l’avant-gardiste, en misant aussi sur le local. C’est en partie grâce à eux que cette formidable émulation a lieu: de nouveaux modèles musicaux, plus accessibles, incitent de nombreux mélomanes à passer à leur tour à l’action.»
Zones (2016) 140 p. 14 x 20 cm
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