

Ed Sanders
[Contre Culture - Beatniks]
Il arrive qu’une petite troupe d’agités percute son époque avec tant de force que l’incendie engendré par le choc n’en finit pas de rougeoyer des décennies plus tard. C’est assurément le cas d’une bande de fous furieux fréquentant le New York du début des années 1960 et son épicentre contre-culturel : le Lower East Side. C’est leur histoire qu’Ed Sanders, le dernier barde de la beat generation, raconte dans les Contes de la gloire beatnik, ce roman polyphonique qu’il mit trente ans à achever. S’y mêlent les vies de poètes, écrivaines, peintres, musiciennes, réalisateurs, comédiennes et militants qui refusent le confort de la classe moyenne et lui préfèrent la furie d’un monde souterrain où s’inventent d’autres manières de penser, de créer et de vivre. Sur la forme comme sur le fond, on ne lira sans doute jamais de description plus juste de cette période crépitante, quand les taudis crasseux étaient le centre de la création, et Ed Sanders leur humble pourvoyeur d’étincelles.
Né en 1939, Ed Sanders déboule à 19 ans dans le New York déjanté des Sixties. Il galope dans tous les coins, traverse le mouvement hippie et les années beatniks, mille capes sur le dos. Poète, musicien, libraire à Peace Eye Bookstore, éditeur du magazine Fuck You, imprimeur, pamphlétaire, journaliste, amoureux éperdu de littérature, écrivain, chanteur punk au micro de The Fugs, militant acharné de la gauche radicale, spécialiste des « glyphes » antiques, écologiste précoce, anticapitaliste zélote, il sème les étincelles avec l’ardeur d’un mort-de-faim.
Demain Les Flammes / L’Oie de Cravan (2025) 526 p. 14 x 21 cm