I'M THE EYE CLIMAX
Pakito Bolino - Pascal Leyder
[Art - Graphzine]
BOUM! I’m the Eye Climax ou le carambolage graphique de deux créateurs hors-pistes. Pakito Bolino, figure de l’édition underground, créateur du Dernier Cri et Pascal Leyder aka Boujiki, artiste résidant de la "S" Grand Atelier, centre d’art pour handicapés mentaux. Un surprenant graphzine King Size format A3 ! C’est l’accouchement au forceps de cette rencontre improbable et réussie où se croisent créatures dégoulinantes, typographies de séries Z et femmes à poil(s).
Tout commence il y a une dizaine d’années à La Friche de Marseille, bastion de l’underground graphique où Pakito Bolino a planté depuis déjà plus de quinze ans le drapeau noir de sa « structure éditoriale associative indépendante polymorphe, mutante, protéiforme et intrusive ». Alors que leurs parcours respectifs ne les prédestinent pas vraiment à se croiser, Pascal aka Boujiki se retrouve parachuté, à l’occasion d’une collaboration de la "S" Grand Atelier avec Le Dernier Cri dans la capitale du Pastis. Pascal, jeune artiste trisomique, passe alors une très grande partie de son temps à dessiner frénétiquement tout en matant des films de De Funès et tout en se foutant pas mal de ce qui l’entoure. Pour Pakito, c’est tout de suite le coup de foudre graphique, et c’est réciproque. Les deux nouveaux compères se retrouvent complètement en dessinateurs compulsifs et stakhanovistes de la ligne crade. Le projet mûrit, Pakito et Boujiki se décident à collaborer sur une forme d’étrange et long ping pong, se retrouvant tous les ans et de plus en plus en phase, l’amitié naissant, pour bosser comme des dingues sur ce dialogue graphique. Pakito se nourrit sans cesse pour ces créations d’un gloubiboulga sidérant d’imageries violentes, sexuelles, monstrueuses, issues de tout ce qui lui tombe sous les yeux et ses mains pleines d’encre : sites de série X, films de série Z, bondage, obscurs comics de tous les continents
L’édition de 100 pages en format A3 présente le travail dans toutes les étapes de son processus mais dans le désordre puisque c’est le leitmotiv de cette rencontre ! Une déconstruction à la fois spontanée et progressive d’une imagerie déjà digérée et surtout la révélation d’un combo magique entre art brut contemporain et graphisme punk underground.
Fremok (2021) 112 p. 27 x 38 cm