BRESIL LA MEMOIRE PERTURBÉE - LES MARQUES DE L'ESCLAVAGE
Maira
[Critique sociale - Anticapitalisme]
L’esclavagisme a innervé bien des facettes de la société brésilienne. Comme l’a écrit Manolo Garcia Florentino, « il a fondé la civilisation brésilienne et a rendu possible un projet excluant où l’objectif des élites est de maintenir la différence avec le reste de la population ». Contrairement à ce que de nombreux intellectuels ont tenté de faire croire, les esclaves émancipés ne se sont pas agglutinés dans les favelas parce qu’ils auraient été incapables d’intégrer le marché libre du travail. C’est parce qu’ils étaient combatifs et enclins à négocier avec les maîtres d’antan qu’ils ont été écartés, souvent au profit des immigrants. Aujourd’hui, les 46 % de Brésiliens descendant d’esclaves occupent toujours les strates inférieures de la société. Pour les prolétaires noirs, la couleur demeure un fardeau supplémentaire. L’esclavagisme au Brésil transcende le domaine réservé aux seuls brasilianistes. Son histoire intéresse les nombreuses régions que ce mode de production a marquées : les États Unis, les Antilles, l’océan Indien... sans oublier l’Afrique. Elle concerne aussi le reste de l’humanité. L’esclavage est consubstantiel à l’essor du capitalisme moderne.
Ab Irato (2004) 76 p. 11 x 22 cm