RAVACHOL ET LES ANARCHISTES
Jean Maitron
[Anarchisme - Mouvement libertaire - Illégalisme]
Les documents que nous présentons ici n'ont nullement l'ambition de former un récit continu du mouvement anarchiste en France ni de fournir l'image complète de la doctrine et de l'action. Il nous a paru que quelques textes - comme les curieux Mémoires de Ravachol ou de Garnier, des dossiers de police inédits et des correspondances privées - comme celle de Victor Serge - étaient dans leur crudité et leur continuité aussi éclairants que de longs commentaires...D'où cette galerie d'hommes, d'actes de témoignages que relie seulement un fil conducteur mais qui, de la Commune à la Grande Guerre, illustre les moments les plus marquants de la geste anarchiste.
EXTRAIT: "Ils songent d'abord à faire sauter le commissariat de Clichy et le 7 mars 1892, les voilà qui emportent une marmite chargée d'une cinquantaine de cartouches de dynamite et de débris de fer en guise de mitraille ; mais le projet avorte en raison des difficultés d'approche. Ils décident alors de s'attaquer au conseiller Benoît qui présida les assises lors de la condamnation de Decamps et de Dardare ; Simon va reconnaître les lieux, 136 boulevard Saint-Germain, mais ne réussit pas à découvrir l'étage auquel habite le conseiller. On décide cependant de passer à l'action et, 11 mars, Chaumartin accompagne les quatre terroristes jusqu'au tramway. Koeningstein, élégamment vêtu, s'installe alors à l'intérieur tandis que Mariette Soubère prend place sur l'impériale, entre Simon et Béala, aussi près que possible du cocher, afin de mieux échapper aux investigations des préposés de l'octroi. Elle recouvre de ses jupes la marmite en fonte déposée devant elle. Après le passage de la barrière, elle descend et retourne chez elle, tandis que Ravachol, Simon et Béala poursuivent leur route et prennent la correspondance menant au boulevard Saint-Germain."
Gallimard (1992) 230 p. 11 x 18 cm