LES SEX PISTOLS – L’HISTOIRE INTERIEURE

[Punk] Extraits du livre de Fred Vermorel (LeMotetLe Reste 2011)

LES SEX PISTOLS – L’HISTOIRE INTERIEURE

les_sex_pistols_lhistoire_iExtrait (p.26): « Steve Jones: Wally s’est donc fait lourder et moi j’ai commencé à m’exercer à la guitare. Je connaissais déjà quelques accords. Nous nous sommes alors mis à la recherche d’un chanteur. Malcom était très attentif, surtout dans sa boutique. On a auditionné un type, mais c’était un vrai nullard, pire que moi. Et puis il y avait Johnny qui traînait souvent dans la boutique…Je le connaissais depuis au moins six mois. Je trouvais qu’il avait de l’allure et j’ai prévenu Malcom… Enfin, qu’il jette un œil sur le mec aux cheveux verts, ah ouais, parce qu’à ce moment là, il avait les cheveux verts. Un jour où il était dans la boutique, Malcom lui a proposé le deal. S’il voulait chanter dans un groupe. Il a répondu ‘ouais, m’est égal’ ou un truc du genre. On a arrangé une rencontre dans le pub du coin, près de la boutique. On s’est vus et il nous a daubé, vous voyez, alors l’a daubé en retour, on pensait que c’était un crâneur. Il était méprisant. Il était avec l’un de ses potes et on a parlé pendant près d’une heure. On lui a dit qu’on allait lui faire passer une audition. Il a dit OK. Quand ? Demain soir. On avait justement cette idée, l’amener à la boutique et le faire chanter devant le juke-box. On lui a expliqué et le soir on est tous retournés à la boutique. Il a branché l’appareil et a foutu un des disques, le genre Alice Cooper. Ce mec gueulait tout le temps et après tout le monde et là il gueulait en essayant de faire prendre ça pour du chant. C’était trop cool. Je pensais que ce type était complètement hystérique et lui nous prenait certainement pour une bande de crétins. On s’est tiré de la boutique. Et on a commencé à répéter. »

Extrait (p.54): « Paul Cook: Et puis ça a commencé. Je crois que Grundy était raide comme nous. Je déteste ce mec. Je n’ai rien dit de toute l’émission, pas un mot. J’étais assis là et j’écoutais, plutôt nerveux parce qu’il y avait cette caméra et toutes ces foutues lumières. Et je me souviens qu’il s’est adressé en premier à Glen. C’est Glen qui a ouvert le feu… et nous pensions que Grundy allait nous questionner sur le disque ou la tournée. C’est alors qu’il s’est mis à chercher la petite bête. ‘Vous avez tout cet argent et c’est radicalement à l’opposé de votre conception anti-matérialiste de l’existence’, etc. Il nous cherchait des poux dans la tête, rien qui ressemble à une interview. Glen a fait un peu le con vu qu’il était beurré. Grundy s’en est pris ensuite à Johnny en le questionnant sur les grands compositeurs, la Grande Musique, Beethoven, toute cette merde, en essayant d’être cinglant. Johnny a répondu qu’ils étaient tous nos héros. Qu’ils nous avaient beaucoup influencés. (…) Grundy s’en est pris après à une fille derrière. Il lui demande ce qu’elle faisait ici, et elle a répondu qu’elle s’amusait et a poursuivi en disant avec mépris ‘j’ai toujours rêvé de vous rencontrer » ou un truc de ce genre. Lui, il ne se sentait plus pisser et il l’a invité à se revoir après l’émission. Steve est sorti alors de son silence et l’a traité de vieux salaud. Et c’était parti. L’autre l’a incité à continuer et Steve s’en est donné à cœur joie ‘Vieil enfoiré, gros salaud’. L’autre lui disait ‘Quel garçon intelligent!’ et ‘Allez-y, il vous reste dix secondes, dites quelque chose de grossier’ et Steve ne s’est pas fait prier: ‘Vieil enculé, vieux pourri’. Il a répété ça deux ou trois fois. Et c’était joué. C’est arrivé très vite. On est sorti et dehors on a éclaté de rire. Le lendemain, je ne pouvais le croire. Steve et moi, on habitait sur Denmark Street et une meute de journalistes est venue cogner à notre porte, bang-bang-bang! »

Extrait (p. 90): « Glen Matlock: j’ai commencé à travailler pour Malcom à l’âge de seize ans et je travaillerais encore pour lui s’il n’y avait rien d’autre. Mais je ne supportais plus Johnny. Steve et Paul étaient devenus deux tâcherons, vraiment, deux fonctionnaires. Il était temps de changer d’air. J’ai senti que ça devenait une sorte de machination, tout était préparé. Je n’avais plus rien à faire avec ça. La machine était lancée et moi j’avais perdu tout intérêt. J’avais aucun intérêt dans une entreprise commerciale. Les idées, quand elles sont destinées à vendre, ne m’intéressent nullement. Et je pense que c’est devenu ainsi vers la fin. Une chose purement commerciale. »

Extrait (p.107): « Mercredi 6 avril 77: Sid tombe malade. Le cas de Sid s’aggrave depuis que nous l’avons sorti de l’appartement de Linda et l’avons transporté jusqu’au bureau où M. lui a demandé s’il était shooté. C’était pénible, Boogie, Jamie et moi sommes restés assis, silencieux. Une longue et douloureuse discussion au sujet de Sid. Possibilité des hôtels, etc, au bout du compte il rentre chez sa mère. Je sors pour faire une petite visite à Johnny et lui remettre son argent – en bonne disposition – j’ai pris un pied à le voir s’accoutrer dans la minuscule petite chambre qu’il partage avec son frère. Mardi 12 avril: Dans l’après midi Mike Flood Page fait une interview du groupe. Steve et Paul arrivent les premiers. Puis Sid qui est tout jaune. Enfin Johnny et Nora gueulant après Steve qui lui a piqué sa voiture tout le week-end. Steve est très confus. Après l’interview j’emmène Sid chez le docteur à Fitzroy Square. Nous parlons de choses et d’autres. Il se plaint beaucoup du groupe et de Malcom. Très vulnérable et jeune. Le docteur diagnostique une hépatite et demande un examen de sang. »

Extrait (p.133): « Evening News 21 juin 1977: Un second membre du groupe de punk rock, les Sex Pistols, a été victime d’une attaque au couteau. Paul Cook, vingt ans, batteur du groupe, s’est fait agresser par cinq hommes à la sortie de la station de métro Shepherds Bush. Il a reçu cinq coups de couteau et a été frappé avec une barre de fer sur la nuque. Ses blessures ont nécessité dix points de sutures. C’est la troisième agression cette semaine que subit le groupe dont le disque anti-monarchique « God Save The Queen » a été interdit à la diffusion sur la BBC et d’autres stations indépendantes, mais est devenu malgré tout un important succès. Samedi dernier Johnny Rotten, le chanteur des Pistols s’est fait agresser en sortant d’un pub de Highbury et à reçu des coups de rasoirs au visage et au bras. Quelques jours plus tôt c’était un directeur artistique du groupe qui se faisait attaquer et a été abandonné dans la rue avec une jambe brisée. La police craint que le disque contre la Reine n’entraîne et multiplie ce genre de réactions contre les punks. Les Teds, qui s’apparentent aux Teddy Boys des années cinquante, portant de grandes vestes à col et les cheveux gominés, se considèrent comme les rivaux des punks, qui arborent des vêtements volontairement troués et bariolent leurs cheveux coupés grossièrement. (…) « 

Extrait (p.222): « Sid Vicious: Lewis m’a choisi pour l’interview parce que mon nom était Vicious et il était évident qu’il allait orienter ses questions autour de ça – il m’a demandé si j’étais violent et ce genre de trucs, si j’avais fait ci, si j’avais fait ça, que des choses pas très subtiles, comme s’il s’adressait à une personne de faible quotient intellectuel, une personne comme moi évidemment. Je voulais l’embrouiller, il voulait tout savoir sur moi et je voulais répondre ‘Oui je suis un méchant, je suis un dur à cuir, je suis vicieux, je cogne sur tout le monde et je les abandonne sur le trottoir le crâne ouvert’. Il était venu pour ça. Il était sur de ce qu’il allait obtenir alors j’ai dit exactement le contraire de ce qu’il voulait entendre. Je lui ai dit quel gentil garçon intelligent j’étais, que je ne pouvais imaginer de faire une chose pareil, que j’avais des hamsters à la maison etc. Mes mots étaient de miel. Ce con est tombé dans le panneau. Ils sont si lents ces trous du cul, qu’ils prennent des vessies pour des lanternes. Ils sont complètement bouchés. Ne savent rien. Ils me donnent tous envie de vomir. Ils me rendent physiquement malade parce qu’ils ne sont pas en contact avec ce qui se passe. »